Chancre coloré du platane Premiers foyers dans le nord de la France

La découverte de ces foyers a entraîné des mesures de quarantaine conduites par les DRAAF-SRAL*, conformément à l’arrêté ministériel du 22 décembre 2015 relatif à la lutte obligatoire contre cette grave maladie vasculaire.

Spécifique du genre Platanus, le champignon pathogène Ceratocystis fimbriata f. sp. platani pénètre par les plaies du système racinaire ou aérien et peut les détruire en quelques mois, mais généralement entre 2 et 7 ans. Il se propage dans l’eau, par anastomose (greffes racinaires naturelles) et via les engins de travail du sol. Les principaux symptômes sont des zones nécrosées bleu violacé en forme de flamme sur le tronc, surtout lorsqu’il est mouillé, des craquelures de l’écorce qui deviennent grisâtres et la chute prématurée des feuilles.

Probablement introduit en 1945 sur les caisses de munitions en bois des troupes américaines lors du débarquement en Provence, le champignon n’a été identifié qu’à partir de 1974 dans notre pays, même si les premiers symptômes sont apparus dès le début des années 1970. Jusqu’à présent, le chancre coloré du platane a toujours sévit dans le sud de la France, notamment le long du canal du Midi sur des arbres centenaires au sein d’un site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. L’abattage et la destruction des déchets étant les seules mesures prophylactiques efficaces en cas d’infection, environ 22 000 arbres ont été coupés sur les 42 000 plantés au milieu du XIXe siècle.

Près de 150 arbres abattus dans le nord de la France

En Ile-de-France, le foyer détecté à Anthony menace le parc de Sceaux situé à proximité : 9 arbres infectés sont morts, mais 128 platanes doivent être abattus par mesure de précaution. Dans les Pays de la Loire, l’enrayement du foyer de Nantes a nécessité l’abattage de 18 sujets en alignement. Dans ces deux situations, on ne connait pas encore l’origine des contaminations. Les mesures officielles d’assainissement sont menées avec rigueur et rapidité pour éviter tout risque de dissémination : délimitation d’une zone d’intervention prioritaire (zone infectée) de 35 m autour des arbres malades, incinération des bois, copeaux, sciures et racines, extraction, rognage ou dévitalisation des souches, désinfection des outils, traitement biocide des roues de camion sur rotoluve, interdiction de plantation de platanes pendant 10 ans… À ce stade, une grande vigilance s’impose. Ainsi, tout propriétaire ou détenteur de platane situé dans les villes touchées par le chancre coloré, sur le domaine public ou privé, est tenu de les déclarer au SRAL ou à la FREDON** pour contribuer à la surveillance et au diagnostic de cette maladie, en vue de son éradication.

*service régional du ministère de l’agriculture, chargé de la santé et protection des végétaux.

**fédération régionale de lutte contre les organismes nuisibles, organisme à vocation sanitaire (OVS).